Du rêve à la réalité : l’histoire de Deborah Lopez
Octobre 2019 a marqué le début d’un nouveau chapitre dans ma vie. Je suis arrivée au Canada remplie d’incertitudes, mais aussi pleine d’espoir. Ma destination : la province de Québec.
Le premier grand défi fut la langue. Je ne parlais pas français, et je savais qu’il serait essentiel de l’apprendre pour pouvoir recommencer à zéro. Grâce au soutien de cette province, j’ai pu m’inscrire en francisation à temps plein, entièrement gratuite.
Pendant mes études, j’ai aussi commencé à travailler à temps partiel chez Tim Hortons. Je voulais pratiquer la langue, découvrir la culture et couvrir mes dépenses de base.
Mes journées étaient bien remplies : étudier, travailler, m’adapter, apprendre. Chaque expérience était nouvelle, parfois difficile, mais toujours enrichissante.
Le pays qui m’a accueillie ne s’est pas contenté de m’ouvrir ses portes : il m’a aussi accordé un permis de travail et un accès gratuit à l’enseignement linguistique. Quel magnifique cadeau pour quelqu’un qui arrive les mains vides, mais le cœur rempli de rêves !
Puis l’hiver est arrivé… mon tout premier hiver canadien.
Rien ne m’avait préparée à cette expérience. Vivre l’hiver, c’est une autre histoire : apprendre à s’habiller couche après couche, marcher sur la glace sans glisser, partir au travail avant l’aube avec des températures glaciales… tout cela fut un défi.
Le froid pénètre non seulement la peau, mais aussi le moral. Le soleil me manquait, la chaleur, et même l’odeur de ma terre natale.
Mais j’ai aussi compris que l’hiver te transforme : il t’oblige à devenir plus forte, plus patiente, plus organisée. Avec le temps, j’ai appris à le respecter… et même à l’aimer. Parce que si l’on survit à l’hiver canadien, on peut survivre à bien d’autres choses.
En avril 2021 a commencé une nouvelle étape : le chemin vers la résidence permanente. Pendant ce processus, j’ai continué à me préparer, avec la ferme intention de redonner tout ce que le Canada m’avait offert.
Une fois le cours de français terminé, j’ai cherché un emploi dans mon domaine professionnel.
Dans mon pays d’origine, je suis avocate et notaire publique, titulaire d’une maîtrise en droit des affaires et d’une spécialisation en conseil juridique. Cependant, depuis mon arrivée, un nouveau but est né en moi : soutenir d’autres immigrants comme moi.
C’est ainsi que j’ai travaillé pendant trois ans comme conseillère auprès de travailleurs étrangers. J’ai encore plus appris sur la résilience, la diversité et sur la force que nous avons, nous qui laissons tout derrière pour recommencer à zéro.
En janvier 2023, j’ai obtenu ma résidence permanente. Et même si je ne remplissais pas encore les critères pour demander la citoyenneté, j’ai continué à construire mon chemin avec patience et espoir.
En janvier 2025, j’ai finalement rempli tous les critères : langue, années de résidence et connaissance du pays. Il ne restait qu’une étape… l’examen de citoyenneté.
Et ce ne fut pas facile. J’avais trois chances de le réussir en un mois. La première fois, je l’ai échoué. Naïvement, j’ai cru que les questions allaient se répéter, alors j’ai mémorisé celles du premier essai.
Mais au deuxième examen… même le nom à écrire était différent ! (J’en ris encore !).
Mais cette fois, je l’ai réussi. Je l’ai fait.
Le 26 septembre 2025, je suis devenue citoyenne canadienne.
Je peux dire que ce pays ne m’a pas seulement ouvert ses portes : il m’a donné une nouvelle vie.
Il y a des moments si difficiles dans la vie qu’en quelques secondes, on a envie de tout abandonner, même ce qu’on a mis des années à construire.
J’ai immigré seule. Ma fille, âgée de seulement 5 ans, est restée au Nicaragua. Je ne pouvais la voir qu’à travers l’écran d’un téléphone… Quand elle était malade, elle me demandait parfois, d’une voix innocente :
« Maman, quand est-ce qu’on sera de nouveau ensemble ? »
C’étaient mes moments de « je n’en peux plus », de « je rentre chez moi ».
À genoux, au pied de mon lit, je pleurais. Je parlais à Dieu, je lui demandais pourquoi Il m’abandonnait. Je le suppliais de me donner la force de continuer à me battre.
Ce furent des moments très durs, remplis de douleur et de solitude.
Mais c’est aussi là que j’ai commencé à me relever. J’ai travaillé ma foi, mon esprit, et surtout, j’ai appris à penser positivement :
« Cela passera… un jour, ce ne sera qu’un souvenir. »
Aujourd’hui, avec le cœur rempli de gratitude, je peux le dire haut et fort : je suis citoyenne canadienne. Et ma petite princesse aussi.
Professionnellement, je suis aujourd’hui dans le meilleur emploi que j’aie eu de toute ma vie. J’ai maintenant l’opportunité de soutenir les immigrants sans limites, en travaillant avec humanité, empathie et expérience vécue.
Merci, CIE Laurentides, de m’avoir ouvert cette porte et pour le travail que vous accomplissez chaque jour. Votre mission fait une réelle différence pour ceux qui veulent recommencer à zéro, avec dignité et espoir.
Deborah Lopez,
Agente de liaison - Diversité et inclusion